L'osmolarité des larmes est un indice très fiable pour évaluer les dommages causés par traitement médical du glaucome sur la surface oculaire, en particulier chez les patients souffrant de œil sec.
Traitement du glaucome et des larmes
Le traitement médical est la première option dans le glaucome à angle ouvert (80% des glaucome), cependant on sait que son utilisation prolongée est à l'origine de multiples altérations de la surface oculaire (OSD), notamment lorsqu'il s'agit de médicaments avec conservateurs (1) et encore plus en ce qui concerne le chlorure de benzalkonium (BAK) (2).
Des études épidémiologiques montrent la relation entre le traitement antiglaucomateux et l'atteinte de la surface oculaire (3-8), avec présence de symptômes dans 60% des cas (5), augmentant ce pourcentage proportionnellement au nombre de médicaments consommés, étant maximum lorsque le traitement atteint trois médicaments (8) et lorsqu'il se prolonge dans le temps (9).
Osmolarité et traitement du glaucome
Dans la plupart des cas d'altérations de la surface oculaire, l'hypersomolarité de la déchirure est le signe le plus fréquent et le plus pertinent, quelle que soit la cause à l'origine de l'affection. L'hyperosmolarité lacrymale induit l'apoptose et un processus inflammatoire de la surface oculaire, avec libération de cytokines et d'autres médiateurs inflammatoires (10-14).
La revue de littérature (15-19), montre que chez les patients glaucomateux traités médicalement, 60 % présentaient des altérations compatibles avec une atteinte de la surface oculaire (Figure 1), 67.5 % présentaient des altérations de la stabilité de la film lacrymal (MAIS réduit) et 47.5 % ont une osmolarité lacrymale supérieure à 308 mOsm/L. valeur limite normale.

Figure 1.- Kératite ponctuée superficielle chez un patient glaucomateux traité médicalement. Image de la lampe à fente (A) et coloration à la fluorescéine (B).
Osmolarité et surface oculaire
Dans une étude récente (20), les analyses statistiques montrent une forte corrélation entre les valeurs d'osmolarité et l'indice OSDI, qui mesure la symptomatologie des lésions de la surface oculaire : r : 0.486 ; P = 0.002, ainsi que BUT qui mesure la stabilité du film lacrymal : r = -0.49 ; P = 0.009. Il existe également des preuves d'une forte corrélation entre l'osmolarité et le nombre de médicaments utilisés (r = 0.409 ; P = 0.009), le nombre d'instillations (r = 0.405 ; P = 0.01) et le nombre d'instillations de médicaments avec conservateurs ( r = 0.629 ; P, 0.0001). Aucune corrélation n'a été observée entre l'osmolarité et test de schirmer ni avec des colorants vitaux.
Il est évident que le degré de sévérité et de symptomatologie de l'atteinte de la surface oculaire est fortement corrélé à l'osmolarité lacrymale. (21-28) plus l'inconfort est important, plus l'osmolarité est élevée (P = 0.016) (20).
Gouttelettes de glaucome, surface oculaire et osmolarité
Les désagréments qui accompagnent le traitement de glaucome sont l'un des principaux facteurs explicatifs de la mauvaise observance ou de l'abandon du traitement (26). Ce fait rend particulièrement important d'évaluer la surface oculaire, avant de commencer le traitement et pendant celui-ci, pour révéler d'éventuels changements qui doivent être traités.
Il est important de savoir que les tests utilisés dans l'évaluation de la œil sec elle a une valeur différente chez ces patients. Le test de Schirmer et les colorants vitaux n'ont pas une forte corrélation avec les valeurs OSDI chez les patients glaucomateux, car ce n'est pas un véritable œil sec, c'est une condition due à l'effet toxique des médicaments, d'autant plus quand ils utiliser des conservateurs.
Traitement du glaucome et de la sécheresse oculaire
La présence de BAK dans les médicaments provoque une augmentation de l'osmolarité due à son effet détergent sur les larmes (ammonium quaternaire). Il réduit la stabilité du film lacrymal et favorise son évaporation, provoquant un syndrome de l'œil sec de type évaporatif, augmentant l'osmolarité, un fait qui se reflète dans le BUT, avec une très forte corrélation entre les deux, l'augmentation de l'osmolarité et la réduction du BUT. Comme il ne s'agit pas d'un œil sec dû à un déficit de sécrétion lacrymale, il n'y a pas de corrélation avec le test de Schirmer qui reste à des valeurs normales.
Au vu des données précitées, nous pensons que face à un patient atteint de glaucome, qu'on vienne de le diagnostiquer et qu'on envisage un traitement médical, ou dans des cas déjà en cours de traitement, il est indispensable d'évaluer l'état de la surface oculaire puisque, comme nous l'avons dit, il peut y avoir une relation entre le traitement des glaucome et sécheresse oculaire. Ceci est motivé car s'il existe un trouble quelconque, il est fondamental de joindre un traitement complémentaire visant à son amélioration voire de proposer l'alternative. chirurgie du glaucome, afin de ne pas endommager davantage la surface oculaire et d'éviter une éventuelle non-observance du traitement.
Contrôle de la surface oculaire chez les patients atteints de glaucome
Pour évaluer l'état de la surface oculaire, en particulier chez les patients déjà traités médicalement, le test d'osmolarité lacrymale apparaît comme le facteur décisionnel le plus important. C'est un test indolore, simple à réaliser et très précis, surtout maintenant que nous avons de nouveaux systèmes tels que TearLab, basés sur la détection avec une puce qui ne nécessite que 50 nL. (21-22)

Figure 2.- Mesure de l'osmolarité lacrymale avec le système TearLab
Nous pensons que l'analyse de l'osmolarité des larmes est un test très précieux pour évaluer le traitement médical des patients glaucomateux et son éventuel effet néfaste sur la surface oculaire, provoquant ou aggravant un syndrome de sécheresse oculaire évaporative.
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